L’assassinat de Farida Hammiche : les premiers meurtres de Michel Fourniret

Dans la nuit du 12 avril 1988, Farida HAMMICHE, âgée de 30 ans, se volatilise sans laisser de traces. Cette disparition demeure irrésolue pendant près de 16 ans, jusqu’au mois de juillet 2004 où Monique OLIVIER, épouse de Michel FOURNIRET, alors placée en garde à vue pour complicité de meurtre et de viol, déclare aux services de police qu’elle a également été complice de l’assassinat de Farida HAMMICHE, perpétré par son mari en avril 1988.

I – Contexte du crime : l’incarcération de Michel FOURNIRET avec un membre du gang des postiches

Au début de l’année 1988, Michel FOURNIRET se trouve incarcéré à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis pour des faits de viols et d’agressions sexuelles commis sur des dizaines de victimes mineures, pour lesquels il a été condamné en juin 1987 à sept ans de prison – dont deux avec sursis – par la Cour d’assises de l’Essonne. Son codétenu, Jean-Pierre HELLEGOUARCH, membre du gang des postiches (gang spécialisé dans les braquages de banques), demande à Michel FOURNIRET, qui doit sortir de prison avant lui, de déterrer, avec sa compagne Farida HAMMICHE, le trésor du gang, enterré dans un cimetière situé à Clairefontaine (YVELINES). Il est convenu qu’en échange de ce service, Michel FOURNIRET recevra la somme de 500 000 francs.

Ce dernier accepte et se rend avec Farida HAMMICHE et Monique OLIVIER au cimetière, où ils déterrent le trésor du gang des postiches – estimé à plus 200 millions de francs, soit près de 31 millions d’euros – qu’ils cachent au domicile de Farida HAMMICHE.

II – Commission du crime : l’assassinat de Farida HAMMICHE par Michel FOURNIRET, avec la complicité de Monique OLIVIER

L’appât du gain est toutefois trop fort pour Michel FOURNIRET, qui considère que la somme d’argent qu’on lui a remise est trop faible et qui entend disposer d’une plus grande part du trésor. Avec la complicité de Monique OLIVIER, qui est alors enceinte de leur premier enfant, il attire Farida HAMMICHE dans un piège, en prétendant l’emmener visiter de nuit une ferme qu’il projetterait d’acheter. En réalité, Michel FOURNIRET et Monique OLIVIER conduisent la victime dans une clairière, où il l’assassine et y enterre son corps.

Désormais seul propriétaire du trésor des postiches, Michel FOURNIRET achète divers biens immobiliers, dont le château de Sautou, situé dans les Ardennes, où il enterrera ultérieurement le corps de nombre de ses victimes, après les avoir abusées, et qui sera à l’origine de son surnom « d’ogre des Ardennes ».

Lorsque Jean-Pierre HELLEGOUARCH sort de prison en 1998, Michel FOURNIRET lui joue une véritable comédie en prétendant vivre dans un taudis situé près de Sedan et en affirmant ne rien savoir des  disparitions du trésor et de Farida HAMMICHE. Par peur d’être démasqué, il revend même le château de Sautou.

III – Dénouement de l’affaire : condamnation de Michel FOURNIRET et de Monique OLIVIER par la Cour d’assises de Versailles

Ce n’est que 20 ans plus tard, en novembre 2018, plus de 30 ans après les faits, qu’il comparaît devant la Cour d’assises de Versailles pour l’assassinat de Farida HAMMICHE, avec Monique OLIVIER – elle-même poursuivie pour complicité d’assassinat – dont il est désormais divorcé.

Reconnaissant les faits, il affirme ne pas se souvenir de la manière dont il a tué Farida HAMMICHE, ni de l’endroit où il a dissimulé son corps, restant sourd aux demandes des membres de la famille de la victime et de leurs avocats, qui souhaitent qu’une sépulture soit donnée à Farida HAMMICHE. Il déclare cependant se souvenir qu’au moment où il l’a assassinée – pour, dit-il, « une raison tout simplement abjecte : une question d’argent » – cette dernière lui aurait demandé « de ne pas la tuer comme ça ».

Monique OLIVIER, qui soutient que Michel FOURNIRET a probablement étranglé sa victime, ne donne aucune information sur le lieu où le corps est dissimulé, en prétendant ne pas s’en souvenir.

A l’issue de ce procès, elle est condamnée à 20 ans de réclusion criminelle, Michel FOURNIRET, désormais âgé de 76 ans, une nouvelle fois à la réclusion criminelle à perpétuité.

                                                                   Marion Lachaud

Diplômée du Master 2 Droit pénal des affaires de l’Université Paris Saclay